Les chinois aussi veulent cultiver leurs jardins

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La mode du potager individuel gagne discrètement la Chine, notamment à cause de la crise de confiance liée aux nombreux scandales alimentaires.

Guoji Xianqu Daobao (international Herald Leader) Pékin

 


Après avoir fini de récolter ses navets et ses choux, Yin Ruiqing, ouvrier à la retraite, retourne la terre, coup de bêche après coup de bêche, afin de la préparer aux semis et plantations de l’année prochaine

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Son lopin se situe au pied du mont du Phénix, au delà du sixième périphérique de Pékin, dans le jardin urbain de l’Anon. Les parcelles y sont alignées telles les cases d’un échiquier. Chacune a son propre nom: jardin de Xiaoxiang ou pluie de céréales, par exemple.

« Au printemps, quand vient le moment des semis, il faut voir le monde qu’il y a ici, des adultes comme des enfants, aussi enthousiastes les uns que les autres! » explique M.Yin.


…En 2009, M.Yin avait lu dans le journal qu’une ferme située en banlieue, le jardin de l’Anon, proposait des parcelles pour les citadins souhaitant s’ouvrir à l’agriculture urbaine: tous les légumes bio qui y seraient produits seraient la propriété du cultivateur « j’avais trop envie d’avoir mon potager à moi ».. finalement, il a loué cette parcelle pour 1200 yuans (135 euros) par ans..

 


Voter avec ses piedspapillonbleu

… »C’est une vraie joie pour moi de venir ici » dit Monsieur Yin , à qui le jardinage procure un bonheur impossible à connaître par ailleurs dans cette forêt de gratte -ciel. Sur les conseils d’un agriculteur employé par la ferme , il choisit les légumes à semer selon les saisons, une trentaine de variétés différentes au total….

…Même s’il prend beaucoup de plaisir à planter des légumes, il nous a confié que , au départ, c’est la multiplication des problèmes de sécurité alimentaire (lait contaminé, doliques toxiques, huile recyclée, dépassement des normes dans l’utilisation des pesticides..) au cours des dernières années qui l’avait orienté vers cette activité.


….Nombreux sont ceux à l’instar de Yin Ruiqing, ont voté avec leur pieds pour exprimer leur profonde inquiétude face aux problèmes de sécurité alimentaire.

Shi Yan professeur à l’université du peuple de chine, une des fondatrices du hameau agricole de l’Anon, explique que, l’an dernier, seules quinze familles citadines cultivaient un potager ici, mais cette année leur  nombre a grimpé en flèche, elles sont maintenant cent vingt.

Malgré l’absence de données concrètes sur ce sujet, il est indéniable que le nombre de ces jardins urbains est en augmentation un peu partout en Chine….


De cet engouement est née une nouvelle formule, avec la possibilité pour un citadin de signer un contrat avec un agriculteur, moyennant quoi celui-ci plante pour lui les légumes de son choix, en ayant ou non recours aux engrais chimiques

« Derrière la question de la sécurité alimentaire se cache une crise de confiance, et, plus profondément, le problème de la séparation de l’homme avec la nature, de sa coupure d’avec le monde » (…) 

Ainsi Zhou Li professeur à l’université du Peuple précise t-elle:

« les consommateurs et les producteurs cherchent à s’associer après le discrédit du système alimentaire de masse. Les CSA en sont une illustration; ils ont au moins le mérite de fournir une alternative au consommateur »


Par cette abréviation de CSA, M Zhou désigne ces initiatives de « community supported Agriculture » (agriculture à soutien communautaire- les AMAP étant la forme française de ce type d’organisation) qui regroupent les jardins potagers loués à des citadins et les groupements de particuliers qui s’engagent à acheter les légumes d’un agriculteur donné.

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C’est au cours d’un stage dans une exploitation américaine que Shi Yan a compris comment fonctionnait le modèle des CSA. En 2008, l’université du Peuple et le district pékinois de Haidian ont fondé le jardin communautaire agricole de l’Anon, où est né le premier CSA de Chine.

Aujourd’hui, c’est une affaire qui tourne, avec des comptes équilibrés depuis cette année.


« Nous utilisons des engrais biologiques comme du purin de lombric ou des tourteaux de sésame. Nous pratiquons une agriculture complètement naturelle. Les clients peuvent surveiller chaque maillon de la chaîne de production » explique Shi Yan…..

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Extrait d’article dans le « courrier international » n°1056/ du 27 janvier au 2 février 2011

Un article du Xin Jingbao, « les campagnes phagocytées par l’urbanisation  » « Courrier International » n°1054, du 13 janvier 2011, aborde un autre aspect de la sécurité alimentaire dans l’empire du milieu: démantèlement des villages pour dégager des ressources foncières. Lien vers  www.courrierinternational.com

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